Le train de mesures que nous annoncions dans notre précédente édition se confirme être une « revalorisation » ambitieuse, mais conditionnée aux échéances politiques, et la question de l’évaluation, propre à raviver la crainte de l’arbitraire, reste à préciser
Après une phase de « bilan » fin 2012, Marylise Lebranchu, alors ministre de la fonction publique, annonçait le 7 février 2013 l’ouverture d’un « cycle de négociation », dénommé PPCR (parcours professionnels, carrières et rémunérations). Le 7 avril 2014, elle présentait aux syndicats des trois fonctions publiques le cadre de cette réforme, prévenant que, devant la complexité du dossier, la négociation se tiendrait « sur un temps long ». Le 9 juillet 2015, le projet d’accord est présenté aux syndicats. Faute d’une approbation à plus de 50 % (CGT, FO et Solidaires n’ont pas signé), Manuel Valls décide le 30 septembre l’application unilatérale du protocole, dont les termes seront négociés avec les signataires.
Ce processus vient de connaître une étape décisive avec la présentation aux syndicats, le 1er juin, des principes de son application à l’éducation nationale. Le ministère ayant lancé une campagne de communication sur les « nouvelles carrières enseignantes, mieux rémunérées, mieux accompagnées », des documents détaillés sont désormais disponibles en ligne sur les modalités et le calendrier prévu pour les différents corps de l’éducation nationale.
Le budget s’élève à un milliard d’euros sur trois ans, dont 50 % en 2017. Pour la rémunération des professeurs, ces mesures « vont permettre de replacer la France au-dessus de la moyenne de l’OCDE et d’atteindre, en fin de carrière, le niveau des pays les plus favorables », s’est félicitée la ministre. Dans leur grille de rémunération, tous les échelons vont monter d’un cran - de 9 à 40 points - d’ici à 2020. Au final, un enseignant certifié gagnera 23 000 euros de plus sur l’ensemble de sa carrière. L’effort est soutenu à l’entrée dans le métier : les stagiaires percevront 1 400 euros brut par an de plus qu’actuellement.
A ces gains s’ajoute une amélioration de la carrière. A compter de 2017, tous les enseignants auront accès à la hors-classe, et un nouvel étage, appelé « classe exceptionnelle », sera créé.
Ce 3e grade sera prioritairement accessible (à hauteur de 80 % des promotions) aux enseignants ayant exercé en éducation prioritaire ou effectué des missions particulières (directeur d’école, formateur, conseiller pédagogique...) pendant au moins huit ans. Les 20 % de promotions restantes seront attribuées aux enseignants reconnus pour leur « engagement remarquable ». A terme, 10 % des effectifs enseignants y accéderont.
Selon plusieurs syndicalistes, ce 3e grade (précédemment baptisé GRAF, pour grade à accès fonctionnel), « donne la possibilité d’atteindre un niveau de salaire de l’ordre de celui d’un agrégé en fin de carrière, soit 3 500 euros nets par mois ».
L’autre volet de la négociation qui doit s’engager maintenant pour préciser l’application du protocole concerne l’évaluation. Les trois rythmes actuels d’avancement - ancienneté, choix et grand choix - disparaissent, tout comme la double notation de l’inspection et du chef d’établissement. L’évolution se fera au même rythme pour tous, mais le principe d’une évolution individualisée n’est pas pour autant écarté.
Quatre « rendez-vous de carrière » sont prévus à cet effet (voir page suivante), qui posent la question des modalités d’évaluation. Reste une inconnue : l’horizon 2020 est fixé pour une application complète du protocole, mais si la majorité change en 2017 ? « Je souhaite bien du courage à celui qui voudra remettre en cause » ce processus, a déclaré la ministre. Il est vrai que tous les camps politiques, ces derniers mois, ont souligné l’urgence de mieux payer les enseignants...
Focus De « nouvelles carrières enseignantes » à l’épreuve des échéances politiques ?
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