On ne connaît pas d’exemple de politique scolaire qui aurait avancé dans une ambiance d’approbation unanime. Mais, lorsqu’un gouvernement, comme cette année, s’affaiblit de mois en mois, le vaisseau réforme avance dans une tempête permanente
Deux mois, fussent-ils de repos, sont un bien court délai avant le démarrage, le 1er septembre, de la dernière année scolaire du quinquennat de François Hollande. Laquelle pourrait bien être aussi la dernière année de ce qui a été appelé « refondation » par la loi d’orientation du 8 juillet 2013. Toute prévision est aventureuse, mais l’actuel gouvernement ne se prive pas d’en faire en renvoyant, comme si de rien n’était, la poursuite de certains projets - ainsi une action d’ampleur nationale en faveur de la mixité sociale dans les établissements scolaires - à l’après - 2017.
Effet mécanique autant que psychologique de tout délai, le temps va s’accélérer à la rentrée. Le compte à rebours vers le mois de mai occupera les esprits. L’éducation, si l’on en juge par les empoignades de l’année écoulée, devrait peser dans la future campagne présidentielle... mais c’est déjà ce qui se disait en 2007 et en 2012. En fait, il serait plus pertinent d’admettre une fois pour toutes que l’éducation est en permanence un grand sujet politique et sociétal. L’année scolaire qui s’achève l’a encore démontré.
La réforme du collège, contestée de l’intérieur par une grande partie du monde enseignant, a aussi fourni des munitions à l’opposition politique pour d’autres mises en cause, aux motivations différentes. D’une crédibilité toute relative aussi, si l’on veut bien se rappeler que leurs auteurs, en leur temps, n’ont juré que par la réduction du nombre d’enseignants et la recherche de « gisements de productivité » et qu’ils ne misent aujourd’hui que sur une autonomie des établissements poussée bien plus loin que ne le fait l’actuelle réforme.
Celle-ci va donc s’appliquer en septembre. C’est en ce moment l’affaire des personnels de direction. Mais l’adhésion à cette réforme, du point de vue de ses partisans, reste à construire. Du point de vue de ses adversaires, elle reste à empêcher, par la « résistance pédagogique » chère au SNES-FSU.
L’année écoulée ne se résume pas à cette avancée du vaisseau réforme à travers une tempête permanente. Najat Vallaud-Belkacem, qui avait pour mission à son arrivée, fin août 2014, de poursuivre le programme de la refondation, a rempli méthodiquement, parfois stoïquement, son office, en allant au maximum du possible en tant que membre d’un gouvernement chaque mois un peu plus usé, la contestation de la loi travail n’étant que la dernière épreuve en date.
Cet accomplissement a été symbolisé début mai et dans le registre de la communication souriante, par des « journées de la refondation », marquées par la venue de ses deux prédécesseurs, Vincent Peillon et l’éphémère Benoît Hamon. Un mois plus tard, avec la présentation des « nouvelles carrières enseignantes », était annoncée la plus importante revalorisation des salaires depuis celle menée par Lionel Jospin en 1989. Elle dépend toutefois d’un processus qui devra, ou non, être poursuivi après 2017...
Hors ce bilan de l’année qui ne s’attache qu’aux plus grandes lignes, il faut noter que la ministre a avancé sur le dossier particulier de la lutte contre les idéologies du complot en commençant, depuis une journée d’étude en février, à doter l’éducation nationale des ressources nécessaires. Sans pratiquer d’amalgame avec les dates du 7 janvier et du 13 novembre - dont le rayonnement fait planer sur toute l’actualité un nuage d’angoisse -, ce sujet n’a rien d’anecdotique. A lui seul, il souligne le rôle crucial du monde enseignant et l’immense compétence qui lui est aujourd’hui demandée par la société.
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