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André Ouzoulias : « Peu d’écoles devraient faire passer les évaluations de CM2 en janvier »

André Ouzoulias est professeur à l’IUFM de Versailles (université de Cergy-Pontoise).

Compte tenu des protestations, fallait-il repousser les évaluations de CM2 qui ont lieu cette semaine ?
Oui, car leur organisation pose plusieurs problèmes. Tout d’abord, si l’on organise une évaluation en janvier, il faut qu’elle porte sur les compétences qui sont supposées avoir été acquises sur la période septembre-janvier, et non sur toute l’année scolaire comme c’est prévu. Ensuite, l’évaluation est fondée sur les nouveaux programmes du primaire de 2008. Mais elle sera passée par des élèves qui ont suivi toute leur scolarité avec les programmes de 2002, et qui n’auront connu les nouveaux que depuis septembre dernier. Cela pose un grave problème de continuité des apprentissages. En grammaire, par exemple, on va interroger des élèves sur des notions qu’en vertu des programmes de 2002 ils ne maîtrisent pas encore ! En réalité, si l’on voulait faire les choses de manière cohérente, il n’aurait fallu prévoir les évaluations fondées sur les nouveaux programmes qu’en janvier ou en juin 2011, c’est-à-dire avec des élèves qui auraient suivi l’ensemble de leur cycle 3 (CE2-CM1-CM2) avec les programmes de 2008. Et je ne tiens même pas compte du délai de mise en place des nouveaux programmes ! Le code de l’éducation prévoit en effet qu’il doit être de 14 mois, sauf exceptions, délai qui n’a pas été respecté. Au final, c’est un peu une promotion d’élèves sacrifiée. Car, à ces problèmes s’ajoute celui de la correction. Le système retenu prévoit un codage binaire : avec certains items, pour obtenir un point, l’élève doit réussir toutes les tâches. S’il échoue ne serait-ce qu’à une seule, il n’obtient aucun point. Cela signifie que ne réussiront ces évaluations que les élèves qui sont au « top niveau » ! Les autres seront considérés en échec. Si l’on voulait gonfler artificiellement le pourcentage d’élèves en échec, on ne s’y prendrait pas autrement...

Quelle sera la valeur de ces évaluations ?
Je pense que peu d’écoles feront passer ces évaluations en janvier. Beaucoup d’entre elles paraissent tentées de réunir leur conseil d’école pour demander l’annulation, ou le report de ces évaluations, qui ne se tiendraient dès lors qu’en juin, mais sans communication des résultats. Cette opération précipitée, réalisée sans concertation, est une occasion manquée et une gabegie de fonds publics, car il a fallu imprimer 850 000 cahiers de l’élève (30 pages) et 10 000 livrets de l’enseignant.

A quoi servent-elles habituellement ?
Quand elles ont été mises en place en CE2 et en 6e dans les années 1990, il s’agissait d’« évaluations diagnostics » : voir les compétences des élèves en français et en maths, leurs difficultés et l’origine de ces dernières, afin de permettre à l’enseignant d’ajuster son enseignement et d’organiser d’éventuelles remédiations. Or les évaluations actuelles ne relèvent pas de la même philosophie, et c’est ce qui inquiète les enseignants. Dorénavant, il s’agit d’« évaluations bilans » mises au service d’un pilotage par les résultats. Et c’est dramatique. Pourquoi ? D’abord, les expériences américaines ou anglaises ont montré que cela entraîne une généralisation du bachotage. Ensuite, cela s’accompagne d’une multiplication des fraudes, et donc d’une perte de confiance dans les résultats transmis à l’administration. En outre, des études montrent que cela conduit généralement à une baisse des performances des élèves. Enfin, c’est un coup mortel porté à l’école de la République. Si les résultats étaient publiés école par école, cela permettrait d’en établir le classement. Avec la suppression de la carte scolaire, la possibilité serait ouverte aux parents de devenir de vrais consommateurs d’école. Les inégalités entre celles, recherchées, et celles, déconsidérées, s’accroîtraient. C’est le cercle vicieux : les écoles choisiront les élèves selon qu’ils feront baisser ou non leurs résultats, et s’installeront dans la concurrence. Et les enfants handicapés, ou étrangers, que deviennent-ils dans ce schéma ?

Mais Xavier Darcos a assuré que les résultats ne seraient pas publiés école par école...
Certes, après avoir dit le contraire ! Quel Darcos croire, alors que depuis un an, les signaux envoyés par le ministère sur ce point sont contradictoires ? Par ailleurs, certains parents pourraient être tentés d’obtenir ces informations par le biais d’une action en justice. Cela s’est déjà vu ! C’est un risque énorme, et les maîtres ne veulent pas le prendre.

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