Parent pauvre du système éducatif, le collège a fait l’objet du rapport annuel du Haut Conseil de l’éducation, remis au président de la République le 1er octobre. Les « sages » du HCE recommandent de transformer le collège en « école du socle commun ».
Passer du « collège unique » à l’« école du socle commun » : c’est ce que préconisent les neuf « sages » du Haut Conseil de l’éducation (HCE), dans un rapport remis au président de la République le 1er octobre. Une recommandation qui s’inscrit dans la droite ligne de la loi d’orientation sur l’avenir de l’école, votée en 2005, qui crée cette instance consultative et consacre le principe selon lequel tous les élèves doivent avoir acquis, à la fin de leur scolarité obligatoire, un « socle commun de connaissances et de compétences ».
« L’école du socle implique un nouveau collège », affirme le HCE. Nouvelles pédagogies, nouvelle gestion, nouvelles pratiques professionnelles. Le Haut Conseil encourage ainsi le décloisonnement des disciplines, le travail en groupes de compétences, l’enseignement d’une « culture manuelle et technologique », la bivalence des enseignants. L’école du socle rime aussi avec « autonomie ». Le HCE recommande que « tous les collèges disposent d’une certaine latitude [au moins 10 % de leur dotation] dans la répartition des moyens qui leur sont attribués ». Les principaux verraient leur marge de manœuvre accrue, à l’image des chefs d’établissement du nouveau programme « Clair », qui recrutent tous leurs personnels (voir La Lettre n° 676).
Enfin, le HCE ne craint pas de bouleverser certaines vaches sacrées, en recommandant que le service des enseignants soit revu : celui-ci ne doit pas « uniquement être défini par un nombre d’heures hebdomadaires d’enseignement devant les élèves », mais doit « prendre en compte la diversité des missions » qui leur sont confiées : heures de cours, travail en équipe, soutien scolaire et tutorat. Cette nouvelle organisation implique un allongement du temps de présence dans l’établissement. Enfin, le rapport ne fait pas de cadeau au gouvernement en insistant sur l’importance de la formation initiale des enseignants, que la réforme appliquée à cette rentrée vient de réduire, et sur la nécessité d’une « présence plus forte d’adultes pour encadrer les élèves », alors que le budget 2011 prévoit de nouvelles suppressions de postes.
En réponse à ce rapport, Luc Chatel a déclaré qu’il ne souhaitait pas faire une grande réforme du collège d’ici à 2012, mais « on peut avancer dans deux directions : une plus grande personnalisation des enseignements et une action sur l’orientation ». Par exemple, précise le ministre de l’éducation nationale, « on pourrait avoir un accompagnement au début du collège, pour les 15% d’élèves entrés avec de lourdes difficultés sur les fondamentaux. Cet accompagnement pour la lecture, l’écriture et le calcul pourrait être effectué en classe de 6e par des professeurs des écoles ».
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