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Jean-François Mazoin : « Dans certains endroits, la situation des IUT est tendue, dans d’autres, cela va mieux »

Jean-François Mazoin est président de l’Association des directeurs d’IUT.

Les Instituts universitaires de technologie (IUT), comme les universités, ont été agités par des grèves l’année dernière. Quel est leur état d’esprit en cette rentrée ?
J’ai entamé, pour le savoir, une série de quinze réunions au sein des conseils d’administration des IUT. Elle prendra fin le 15 octobre. Cela permet de comprendre les situations au plan local. L’année dernière, les étudiants et une partie des personnels, enseignants ou non, nous avaient trouvés mous face à la pleine intégration des IUT dans les universités. Ils ne comprenaient pas notre démarche globale. J’ai donc décidé d’aller à leur rencontre pour parler de notre stratégie. Il est, de toute façon, impossible pour les IUT de quitter les universités. Il faut que chacun comprenne, qu’il soit membre de l’IUT ou de l’université, qu’il est primordial de ne pas brûler toute son énergie dans la régulation de ces nouveaux rapports. Il faut avancer. C’est ce que nous faisons, même si tout n’est pas réglé, loin de là.

Où en êtes-vous autour du problème que constituent les nouvelles modalités d’attribution de crédits aux IUT ?
Les universités se sont engagées à en maintenir le montant jusqu’en 2010. Beaucoup de contrats d’objectif et de moyens que nous avions initiés l’année dernière ont été passés entre le directeur de l’IUT et le président de l’université. Il y a des endroits où cela coince. Quand un IUT pas très important est noyé au coeur d’une grande université, il n’est pas reconnu. Les universitaires considèrent qu’il n’amène pas grand chose. Il y a des endroits où la situation est très tendue, d’autres où cela se passe bien. Dans les facultés qui ont une pratique de l’autonomie, une culture de la responsabilité, comme le droit ou la santé, cela se passe mieux.

Quand cela se passe mal, quels sont les domaines qui posent problème ?
Certaines universités prennent mal le fait que nous bénéficions d’une autonomie de gestion. La ministre l’avait réaffirmée dans sa circulaire de mars 2009 mais cela s’est avéré insuffisant. Certains présidents d’université proposent toujours de centraliser les moyens pour les redéployer ensuite. Cela pose problème. Il y a des universités qui ont pris des personnels aux IUT. Ensuite, nous avons l’habitude de gérer nos budgets, nos personnels contractuels, nos heures complémentaires, notre patrimoine. Nous voulons continuer à le faire. Un point de friction très important est celui de l’articulation entre la recherche technologique, qui est celle de l’IUT, et la recherche fondamentale de l’université. Notre recherche est contractualisée avec le milieu économique régional. Des partenaires extérieurs siègent dans nos conseils d’administration. Ils interviennent dans le pilotage des formations. Celles-ci sont construites à partir du référentiel des métiers. Cette confrontation de cultures différentes est source de problèmes graves.

Quelle est la principale interrogation qui remonte de vos réunions de début d’année ?
L’inquiétude est largement répandue à propos de l’évaluation de l’enseignant-chercheur. Nous pratiquons une recherche partenariale. Elle ne donne pas toujours lieu à un dépot de brevet mais elle irrigue en innovation les petites et moyennes entreprises. Cette question et celle du périmètre de notre autonomie doivent être réglées très vite afin que les IUT puissent se consacrer à leurs missions, l’insertion professionnelle, le transfert technologique auprès du tissu économique local et l’ascenseur social avec l’accueil des bacheliers technologiques. Afin aussi que les IUT puissent faire bénéficier les universités de leurs compétences en matière de mise en place de filières professionnelles ou de bonnes pratiques dans les premières années d’université : aujourd’hui, 10 % à 20 % des étudiants qui s’inscrivent en IUT le font après une première année en faculté. Ces compétences, les IUT les ont acquises en quarante ans d’existence. Il ne faut pas les dilapider en s’épuisant en affrontements stériles avec les universités. Cela passe aussi par les décisions de Valérie Pécresse, notre ministre. Nous avons demandé à la rencontrer sans avoir de réponse à ce jour. L’idéal serait fin octobre, début novembre, après que nous aurons tiré les conclusions de notre série de réunions.