Confirmé solennellement par le président Sarkozy le 2 juin, le chantier de la mastérisation de la formation des enseignants, censé revaloriser le métier, n’en réserve pas moins une série de difficultés techniques dont toutes n’ont pas été anticipées par le gouvernement.
« Les nouveaux concours des professeurs des écoles, CAPES, agrégation, intégrés au cursus universitaire et ouverts à tout titulaire d’un master 2, seront mis en place dès la session 2010. En échange de cette année d’études supplémentaire, nous nous engageons à ce que les débuts de carrière soient revalorisés. » En tenant sa promesse de campagne de reconnaître la formation des enseignants au niveau master, Nicolas Sarkozy a ouvert le 2 juin un chantier complexe, où nombre de difficultés techniques s’annoncent. La mort programmée des IUFM nécessite d’abord une redéfinition du contenu des épreuves par le ministère de l’éducation nationale, annoncée pour la mi-juin. « C’est l’étape déterminante : l’option choisie - des concours plutôt axés sur le disciplinaire ou incluant réellement des compétences pédagogiques - dictera les nouvelles maquettes de formation », souligne Guy Barbier, du SE-UNSA. A charge ensuite au ministère de l’enseignement supérieur d’habiliter de nouveaux masters.
Deux voies sont ainsi possibles à partir de cette réforme, selon Nathalie Mons : « soit un modèle classique avec un allongement de la formation académique et la réduction de la formation professionnelle des enseignants à l’encadrement par un tuteur durant la première année d’enseignement [comme l’évoquait Xavier Darcos (voir La Lettre n° 597), NDLR], soit un modèle simultané, avec un vrai mixte entre un enseignement disciplinaire robuste et une formation professionnelle conséquente ». Cette seconde hypothèse, à l’image des formations sanitaires aujourd’hui, est sérieusement à l’étude au cabinet de Valérie Pécresse. Elle a aussi les faveurs de la conférence des présidents d’université, dont le vice-président, Michel Lussault, balaie les faux procès d’intention selon lesquels les universités seraient incapables d’assurer cette formation (voir « Le point avec... ») : « Nous construirons des partenariats à partir des compétences des IUFM pour que cette formation ne consiste pas en un bachotage, mais à une formation en alternance au contact de la réalité dès la L3 », assure-t-il. Trois questions restent tout de même posées : qui va assurer ces modules de formation pédagogique intégrés aux cursus universitaires ? Un master spécifique va-t-il être créé pour les enseignants du premier degré ? Enfin, comment les futurs enseignants, sous statut étudiants, pourront-ils bénéficier d’une expérience professionnelle au sein des établissements scolaires et suivre par exemple les stages filés ?
Politique éducative Mastérisation : les nombreux défis qui attendent le gouvernement
Enseignement secondaire Xavier Darcos précise les modalités d’organisation du baccalauréat 2008
Politique éducative Le ministère dévoile la feuille de route de la réforme du lycée
Personnels Salaires dans l’enseignement privé : vers la fin de l’indexation sur le public
Technologies éducatives Valérie Pécresse précise ses ambitions numériques pour l’université
L’actualité régionale Guyane : Les enseignants se mobilisent et réclament plus de moyens
Collectivités territoriales Le nouveau lycée, un défi à relever pour la 27e région
Le point avec... André Giordan : « Les universités ne sont pas prêtes à former les enseignants »
Les chiffres Les deux tiers d’une génération obtiennent le bac