Malgré l’infinie réplication des oppositions binaires qui, loin des classes et des pratiques réelles, sert de toile de fond aux débats sur l’école, la probité intellectuelle garde droit de cité.
André Tricot, professeur en psychologie à l’ESPE de Toulouse, en fournit l’illustration avec ce livre, qui fait méthodiquement « œuvre de doute ». Dans le même souci qui avait conduit Philippe Meirieu à démystifier la gamme des simplismes (Pédagogie : des lieux communs aux concepts clés, ESF, 2013), André Tricot se livre à un exercice de déconstruction des principaux mythes pédagogiques. Son but n’est pas de décourager mais de faire, au plus près, le tri entre ce qui peut être considéré comme efficace et ce qui l’est moins ou pas du tout.
Ce serait une adhésion au principe d’une éducation « fondée sur la preuve » s’il n’était conscient, loin de tout scientisme, que la preuve, souvent, se dérobe ou qu’elle peut se dédoubler en vérités contradictoires. Ainsi, faire manipuler les élèves, idée majeure depuis plusieurs siècles, « est un moyen de soutenir leurs apprentissages mais n’est pas une fin en soi ». Surtout pas, car il y a aussi des cas où ce peut être un obstacle à la compréhension. Autant dire que l’auteur, s’appuyant toujours sur l’état de la recherche internationale, ne recule pas devant la nuance. Au contraire, il en fait un miel dont le lecteur se régale.
L’Innovation pédagogique, André Tricot, Retz, 160 pages, 9 €
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