Roger Chudeau est directeur de l’encadrement des ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Le ministère de l’éducation nationale organise un colloque le 15 octobre sur la gouvernance et la performance des établissements publics locaux d’enseignement (EPLE). Quels en sont les enjeux ?
L’idée de ce colloque a émergé lors des discussions avec les syndicats des personnels de direction. Les EPLE ont été créés en 1985, lors de la première vague de décentralisation. Un quart de siècle plus tard, il est temps d’en faire l’inventaire. Trois tables rondes vont ponctuer le colloque. La première portera sur les missions des EPLE. La seconde s’interrogera sur la manière dont on peut améliorer la performance des EPLE et, préalablement, sur la définition du terme « performance ». Le troisième enjeu est celui du pilotage académique des établissements : comment les académies peuvent aider les EPLE à atteindre les objectifs nationaux, à savoir 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat ? Peut-on évaluer la performance d’un établissement au regard de ces objectifs ?
Vous proposez que les corps d’inspection du second degré se focalisent sur l’évaluation des EPLE. Cette mission primerait-elle sur les inspections individuelles ?
Ce sont deux missions qui se combinent très bien. Les inspections individuelles restent essentielles, mais nous devons les rendre plus pertinentes. Par exemple, on peut s’apercevoir que, dans tel collège, la maîtrise du français laisse à désirer. Dans ce cas, les inspecteurs réunissent l’équipe de professeurs de lettres et s’interrogent sur la pédagogie en œuvre. A cette occasion, des inspections individuelles peuvent avoir lieu. Par ailleurs, une promotion peut toujours donner lieu à une inspection.
N’y a-t-il pas un risque de confusion entre l’évaluation des établissements et l’évaluation des chefs d’établissement ?
Evaluer un établissement, c’est évaluer une organisation. Un chef d’établissement est en poste pour une durée moyenne de trois ans, avec des objectifs précis fixés par le recteur à titre personnel. Il y a bien sûr un « effet chef d’établissement », mais il serait grotesque de mélanger les deux. Prenons un exemple : un lycée a un taux de redoublement en seconde avoisinant les 35 %. Trois ans plus tard, le taux a peu évolué, mais le chef d’établissement a mis en place une aide individualisée et d’autres mesures qui auront, à moyen terme, des effets bénéfiques sur les résultats des élèves : son évaluation sera positive.
Sur quels indicateurs se baser pour évaluer la performance des EPLE ?
Le problème actuel, c’est que l’on croule sous les indicateurs. Mais il s’agit plus de tableaux décrivant le fonctionnement que de véritables indicateurs d’impact. Nous devrons nous mettre d’accord, lors du colloque, sur un système d’évaluation qui comprenne quatre ou cinq indicateurs essentiels et pertinents, comme par exemple la fluidité des parcours et la réussite aux examens.
Peut-on relever des avancées concrètes en matière d’autonomie des EPLE, quatre années après la loi Fillon ?
Le fonctionnement est très inégal. 50 % des établissements se sont dotés d’un conseil pédagogique, alors que la mesure était obligatoire. Les contrats d’objectifs ont été généralisés, mais les chefs d’établissement s’interrogent toujours sur la manière de les exploiter. Finalement, on n’a jamais donné un vrai contenu à l’autonomie. On ne peut pas demander aux établissements d’être autonomes et de faire des projets innovants d’un côté, et de ne pas poser la question des marges de manœuvre de l’autre.
Comment le ministère entend remplacer les départs à la retraite de ses cadres ?
Nous avons décidé d’instaurer un suivi personnalisé des carrières. Pour cela, nous allons généraliser la « revue annuelle des cadres » : les rectorats sont chargés d’identifier des « hauts potentiels » susceptibles de devenir des cadres dirigeants. Les candidats passent ensuite un entretien de carrière, et leur dossier est transféré dans une « CVthèque ». Ils seront reçus régulièrement afin que leur soient faites des propositions de carrière. A la direction de l’encadrement, nous allons d’ailleurs créer un département spécifique de mobilité et suivi des carrières.
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