La loi d’orientation sur l’école, dévoilée dans la presse le 5 décembre, programme la création de 60 000 postes d’ici à 2017. La priorité est donnée à la formation initiale des enseignants et à l’école primaire. Un nouveau socle commun sera défini.
Une école « juste » et « exigeante ». C’est le cap fixé par le projet de loi d’orientation et de programmation « pour la refondation de l’école de la République ». Le texte et ses 53 articles, divulgués dans la presse le 5 décembre, seront présentés en conseil des ministres en janvier. La « loi Peillon » remplace celle « pour l’avenir de l’école » de 2005.
Premier levier du changement, la réforme de la formation des enseignants. Sur les 60000 emplois créés dans l’enseignement sur le quinquennat (54000 dans l’éducation nationale, 5000 dans l’enseignement supérieur et 1000 dans l’agriculture), 27000 y seront consacrés : 26000 postes d’enseignants stagiaires et 1000 postes de formateurs. Les IUFM seront supprimés pour être remplacés par les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE). La loi n’entre pas dans le détail - ce sont les textes règlementaires à venir qui donneront les cadrages précis -, mais elle insiste sur les principes, comme celui d’une « entrée progressive » dans le métier ou de « parcours spécifiques » en master selon les métiers pour faire émerger une « culture commune » à tous les personnels.
La priorité à l’école primaire est clairement affirmée. Elle bénéficiera de 14000 postes d’ici à 2017, dont 3000 consacrés à la scolarisation des moins de 3 ans dans les zones difficiles et rurales, et 7000 maîtres surnuméraires pour instaurer une autre prise en charge de la difficulté scolaire. Le second degré, lui, bénéficiera de 7000 postes, et 6000 seront consacrés aux personnels éducatifs, administratifs, sociaux... Le ministre de l’éducation, qui veut « refonder » l’école par la pédagogie, table sur une meilleure « progressivité des apprentissages ». Un conseil supérieur des programmes, supprimé en 2005, sera chargé de mettre en place des cycles. Créés il y a plus de vingt ans, ceux-ci ont été peu mis en œuvre. La maternelle deviendra un cycle à part entière pour éviter sa « primarisation ». Il n’est pas question, dans la loi, d’« école du socle » du CP à la 3e, mais d’un cycle « CM2-6e » et d’un « conseil école-collège » qui sera chargé de proposer des « actions de coopération et d’échange ».
Le collège unique sera organisé autour d’un « tronc commun » qui « autorise » des « pratiques pédagogiques différenciées » et des « actions de soutien » pour les élèves en difficulté. L’apprentissage junior sera supprimé. Un nouveau « socle de connaissances, de compétences et de culture » sera défini, et le livret de compétences, réformé. La loi crée aussi un « service public de l’enseignement numérique ». Elle associe les départements et les régions à la définition des contrats d’objectifs des établissements scolaires, qui deviennent tripartites (Etat/établissement/collectivité). Le lycée est peu abordé, tout comme les missions des enseignants. Une prudence qui peut être lue comme stratégique. La loi se définit comme une « étape » de la refondation. D’autres gros chantiers seront abordés dans un second temps : l’éducation prioritaire, la carte scolaire, les rythmes annuels...
« Une vision cohérente de l’école est enfin actée, avec deux blocs définis, l’école-collège et le bac-3/bac+3 », se réjouit Christian Chevalier, du SE-UNSA. Pour Thierry Cadart, du SGEN-CFDT, cette loi « permet d’amorcer un processus ambitieux de transformation ». Le SNES-FSU est plus prudent : « De grands principes sont affirmés. Attendons de voir comment ils seront déclinés dans les décrets futurs », souligne Frédérique Rolet, cosecrétaire générale.
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