| Oublié ?

La Lettre

Le point avec...

Catherine Mongenet : « Plus de 160 000 internautes se sont inscrits à au moins un MOOC »

Catherine Mongenet est la responsable de la plate-forme France université numérique (FUN).

Vous êtes la responsable de la plate-forme de cours en ligne « France université numérique » (FUN) au ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Huit mois après son lancement en octobre 2013, FUN rencontre-t-elle un succès ?
La plate-forme héberge déjà 36 MOOC. Ces « cours en ligne ouverts et massifs » se présentent principalement sous forme de courtes vidéos et de questionnaires à choix multiples, auxquels s’ajoutent des activités entre apprenants par le biais de forums ou de travaux collectifs soumis à l’évaluation entre pairs. Ils ont été créés par seize établissements d’enseignement supérieur français, et couvrent des domaines variés comme l’environnement, le droit, les sciences, l’ingénierie, la santé, le management ou encore les sciences humaines et sociales. Quelques-uns remportent un franc succès, comme le MOOC « Du manager au leader » du CNAM ou « Philosophie et modes de vie », animé par des professeurs de l’université de Nanterre. Au final, plus de 160 000 internautes se sont inscrits à au moins un MOOC.

Le primaire et le secondaire sont-ils concernés par l’avènement des MOOC ?
Les mineurs ne représentent que 1% à 2% des utilisateurs de FUN. La plupart des inscrits sont très diplômés et en situation professionnelle. 52% ont un master ou un doctorat, 16% une licence et 11% un diplôme universitaire de technologie. Les MOOC n’ont pas été pensés pour les élèves, mais pour les étudiants, salariés ou retraités désireux d’acquérir des notions dans un domaine. Néanmoins, le MOOC de vulgarisation scientifique « QuidQuam ? Eurêka ! Comprendre le monde au quotidien », qui compte 12 700 inscrits, plaît au jeune public. Il existe aussi de nombreuses plates-formes numériques qui s’adressent spécifiquement aux élèves, comme le site de la Khan Academy. Mais ce n’est pas un MOOC.

Quels développements envisagez-vous ?
Nous menons actuellement une réflexion sur la création de MOOC destinés aux lycéens qui cherchent une formation post-bac. Les universités ou les classes préparatoires pourraient mettre à leur disposition des MOOC d’initiation à certaines disciplines ou de remise à niveau. Cela permettrait de mieux accompagner l’orientation des lycéens vers l’enseignement supérieur. En revanche, je ne pense pas que les MOOC, tels qu’on les connaît aujourd’hui, aient leur place à l’école primaire ni même au collège. Les élèves doivent bien évidemment être initiés à Internet et à l’usage des ressources pédagogiques numériques, mais cela nécessite un accompagnement des professeurs. Or, le MOOC est par définition un cours qui se suit à distance, en dehors de l’établissement scolaire. Selon moi, il ne peut s’adresser qu’à un public autonome.

Les MOOC ont-ils trouvé leur place dans l’enseignement supérieur ?
En France, leur utilisation dans le cadre d’une formation universitaire reste marginale, contrairement à certains établissements étrangers, où les MOOC sont utilisés en remplacement des cours magistraux. Il est probable que cette pratique se développe en France : au lieu de réunir 3 000 étudiants dans une dizaine d’amphithéâtres pour suivre un cours magistral, celui-ci pourrait être diffusé sous forme de MOOC. Le travail entre les enseignants et les étudiants sur le campus serait alors consacré à l’approfondissement des connaissances, à des travaux dirigés ou pratiques, des études de cas, des travaux collectifs... Mais je ne remets pas en question la nécessité d’une présence physique sur le campus. Les étudiants ressentent le besoin de tisser des liens entre eux, d’échanger, de se soutenir pendant les périodes d’examens. La preuve en est que les bibliothèques universitaires sont très investies.

Quels profits les universités peuvent-elles tirer avec les MOOC ?
Les MOOC représentent une opportunité formidable pour les universités qui souhaitent rendre leurs productions visibles au-delà du cercle de leurs étudiants. Celles qui créent des MOOC peuvent s’en servir comme vitrine pour attirer les meilleurs étudiants de France et de l’étranger, pour s’imposer parmi les milliers de formations qui existent dans leur domaine d’expertise.