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La Lettre

Politique éducative

Cours le matin, sport l’après-midi : les limites de ce nouveau modèle

A l’approche du colloque sur les rythmes scolaires début juin, le ministre de l’éducation nationale a annoncé, le 24 mai, une expérimentation, dès la rentrée de septembre, d’après-midi consacrés aux sports dans cent établissements.

Le ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, a annoncé le 24 mai l’expérimentation d’après-midi consacrés aux sports au sein d’une centaine de collèges et lycées répartis sur toute la France. Une entrée en matière dans un débat délicat, avant le colloque sur les rythmes scolaires qui se tiendra en juin prochain. Six questions sur cette mesure.

-  Quel est son fondement idéologique ?
Pour le chef de l’Etat, « le sport est une école du respect des autres, du respect de la règle, de la loyauté et du dépassement de soi ». Ainsi s’était-il exprimé dans sa « lettre aux éducateurs » de septembre 2007. Récemment, au moment de la mise en place des internats destinés aux élèves exclus d’un collège, le sport a été présenté comme central au sein de ces structures.

-  Est-ce respectueux du rythme naturel des enfants ?
Les chronobiologistes sont assez unanimes à estimer que l’élève est intellectuellement disponible en fin de matinée et en fin d’après-midi. Ce sont les moments des pics d’attention. Une organisation qui place les apprentissages fondamentaux le matin et les activités physiques l’après-midi ne respecte pas vraiment ces données scientifiques.

-  Est-ce que cette organisation améliorera les résultats scolaires ?
A l’issue de sa présentation, Luc Chatel a annoncé espérer « observer les bénéfices au profit d’une meilleure réussite des élèves ». Si l’on en croit les Allemands, ce serait l’inverse. Depuis 2004, ceux-ci ont consacré 4 milliards d’euros pour permettre à un tiers des écoles primaires et un quart des collèges d’offrir une journée complète de classe. Les après-midi sportifs ont été rendus responsables des mauvais classements de l’Allemagne dans l’enquête internationale PISA.

-  Augmentera-t-on ainsi la pratique sportive des jeunes Français ?
Un million de jeunes pratiquent un sport au sein de leur établissement scolaire, le mercredi après-midi ou le midi dans le cadre d’associations sportives. Avec 700 000 inscrits, ce sont les collégiens qui nourrissent le plus les rangs. Et les comparaisons internationales montrent une France dans la norme en matière de temps scolaire réservé aux sports.

-  Cette expérimentation vise-t-elle à modifier à terme le statut du sport ?
La question est posée par le principal syndicat des professeurs d’EPS, le SNEP-FSU. A l’heure où les restrictions budgétaires sont de mise, la tentation pourrait être réelle de changer le statut de cet enseignement. Signe avant-coureur, l’EPS a eu du mal à se faire une place au sein du socle commun de connaissances et de compétences.