Jean-Rémi Girard est professeur de français en lycée, vice-président du Snalc (Syndicat national des lycées et collèges)
Comment appréciez-vous la nouvelle donne ministérielle ?
Nous avions des relations extrêmement difficiles avec la précédente équipe, inutile de le cacher, et nous sommes donc très satisfaits de l’arrivée d’un nouveau ministre de l’éducation nationale. Au Snalc, nous sommes très pragmatiques. Nous allons juger sur pièces. Les premiers textes qui sortent en urgence nous paraissent aller dans le bon sens, c’est-à-dire qu’ils tendent à améliorer l’existant. Pour nous, le ministre envoie un signal positif. Après, nous allons sans doute avoir des discussions importantes sur certains sujets qui pourraient comporter des points de friction, comme le calendrier scolaire ou l’autonomie des établissements, mais tout dépendra de ce que veut faire le ministre. Pour notre part, nous lui avons remis beaucoup de propositions et nous attendons de voir s’il s’en saisit.
Le Snalc réclamait l’abrogation de la réforme du collège. Mais ce sont plutôt des aménagements, même s’ils sont importants, qui sont à l’ordre du jour. Ne restez-vous pas sur votre faim ?
Le texte modificatif proposé n’est pas, en effet, une abrogation de la réforme du collège, que le Snalc continue aujourd’hui de demander. Nous sommes tout à fait d’accord pour améliorer l’existant pour la rentrée 2017, mais nous considérons que ce n’est pas une fin en soi et que ce dossier doit rester ouvert par la suite afin d’aller vers une vraie réforme du collège, réellement efficace. Pour cela, nous ne sommes pas demandeurs d’un retour au collège d’avant la réforme de 2016, mais nous avons un projet alternatif. Nous proposons un collège modulaire où les élèves en difficulté disposeraient d’enseignements renforcés, soit pour accéder dans de bonnes conditions à la voie générale et technologique au lycée, soit pour mieux se préparer à la voie professionnelle. Pour résoudre les problèmes de fond, cette question du collège doit être remise sur la table. Qu’on ne se contente pas de deux ou trois modifications, même positives, et qu’on aborde aussi ses corollaires : les programmes, le brevet, le livret scolaire... Des sujets sur lesquels de sérieux ajustements sont nécessaires.
Vous réclamez la disparition de l’accompagnement personnalisé (AP) et des enseignements pratiques interdisciplinaires(EPI. Etes-vous hostiles à tout accompagnement et à toute interdisciplinarité ?
Pour ce qui concerne l’accompagnement, nous proposons des enseignements facultatifs destinés aux élèves les plus en difficulté. Si l’on veut vraiment aider ces élèves, alors il faut mettre en place pour eux des dispositifs spécifiques. Un accompagnement vraiment personnalisé ne peut avoir lieu en classe entière sur les mêmes heures de cours durant lesquelles vous avez votre programme à traiter. Nous ne sommes pas non plus contre l’interdisciplinarité, ni contre les projets, mais contre leur bureaucratisation. Le problème central de la réforme du collège est là : c’est son caractère ultra-cadré, obligatoire, imposé et prenant sur les horaires disciplinaires des professeurs. Si l’on veut vraiment travailler des manières d’enseigner différentes, alors la priorité est la formation professionnelle, et non pas des arrêtés d’organisation du collège. L’interdisciplinarité forcée, ça ne mène à rien. Et l’on voit aujourd’hui une quantité d’EPI sans queue ni tête.
Avec le protocole PPCR (parcours professionnels, carrières et rémunération), non remis en cause, le ministère précédent ne vous a-t-il pas légué une revalorisation ?
Nous avons voté contre tous les textes à ce sujet, car pour nous ce n’est pas une vraie revalorisation. Ce que nous voulons, c’est que tout le monde soit revalorisé de la même manière et sur les mêmes principes. Le PPCR va faire gagner plus à certains collègues, mais va ralentir la progression d’autres. Il est très compliqué de savoir si on y gagne ou si on y perd et à quel moment de la carrière. De plus, les professeurs agrégés ne vont rien toucher et ont été floués dans cette opération. Enfin, c’est un système qui dévalue la qualité professionnelle des enseignants avec une grille de compétences qui, selon nous, n’est ni faite ni à faire.
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