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La Lettre

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Enseignement agricole : le ministre propose soixante mesures

A l’issue des Assises nationales de l’enseignement agricole public, Bruno Le Maire propose 60 mesures pour redonner sens et lisibilité à cet enseignement. Certains n’y voient qu’un effet d’affichage ou un catalogue de bonnes intentions.

Au lendemain de ses Assises nationales, organisées par Bruno Le Maire, ministre de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, l’enseignement agricole public (EAP) s’interroge sur sa place et son identité. Voulues par Bruno Le Maire à la suite d’un désarroi enseignant marqué notamment par le blocage des centres de correction en juin 2009, ces assises, closes le 10 décembre, ont, d’après le ministère, parfaitement rempli leur rôle : « 800 personnes ont été consultées, 220 contributions écrites ont été recueillies et 10 régions ont été visitées. » 60 propositions en ont été tirées. Toutes répondent au souci de redonner du sens à l’EAP et visent à réaffirmer le rôle d’un pôle public sans lequel « il ne saurait exister un enseignement agricole de qualité ». L’affirmation ne va pas de soi puisque, c’est une particularité de ce secteur, l’enseignement privé, organisé autour des établissements catholiques et des maisons familiales rurales, accueille près des deux tiers des quelque 171 943 élèves. Bruno Le Maire a défini trois orientations pour l’EAP : mettre au cœur de l’enseignement agricole les nouveaux enjeux de l’agriculture (développement durable...), créer des pôles régionaux à identité forte appuyés sur les spécificités territoriales, construire des synergies entre l’enseignement et la recherche. « Une mission parlementaire va étudier la possibilité de changer le nom des établissements, confie-t-on au ministère. La dénomination “lycée agricole” ne traduit pas la diversité des formations qui concernent l’agriculture mais aussi le développement rural, le paysage, etc. » Bruno Le Maire a également garanti qu’aucun poste d’enseignant ne serait supprimé en 2010. L’ensemble suffira-t-il à calmer les esprits ? Pas si sûr. Le 10 novembre, s’est constitué le comité permanent de défense et de développement de l’EAP. Cette intersyndicale, à laquelle se joignent les partis politiques d’opposition, la FCPE, l’Association des régions de France, ainsi que le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef) et la Confédération paysanne, ne voit rien dans les 60 propositions qui soit susceptible d’enrayer « le déclin de l’enseignement agricole public » au profit du privé. En l’absence de chiffrage du coût des mesures, le comité parle d’effet d’affichage. Il compte bien réouvrir le débat à l’occasion de l’examen de la loi de modernisation agricole, en janvier au Parlement. Membre du comité, le syndicat majoritaire Snetap-FSU, par la voix de son secrétaire général Jean-Marie Le Boiteux, ne voit pas grand chose de positif dans les 60 mesures, « mis à part l’accent mis sur le développement durable, mais c’est dans l’air du temps ». Le syndicat comptera ses forces jeudi 21 janvier, jour de mobilisation de la fonction publique territoriale.